Sujet crucial . 

A toutes les pathologies diverses et variées suivant les individus et leur typage génétique que provoque l'hypersensibilité aux rayonnement électromagnétique , vient se rajouter un poids de plus à supporter : la relation sociale . 

Au début , en société , on serre les dents ( çà va passer -çà va passer -çà va passer ) et on sourie l'air de rien en minimisant la douleur , les vagues de nausées , la tachycardie , l'étau qui nous écrase ; je triche avec des tonnes d'anti-cernes et du blush , car il paraît que je deviens grise et des cernes apparaissent me donnant un air de panda shooté ... 

Mais le temps passe et l'hypersensibilité s'aggrave : on ne tient plus , on fuit les rayonnements en passant pour une dingue , la démarche chaloupée ( vertiges ) , l'air hagard ( désorientation ) , le souffle court ( tachycardie ) . Comment être crédible quand ce qui vous agresse est invisible et ne produit aucun symptôme chez celui qui est à côté . 

Donc c'est la fuite . La fuite de tout ce qui est susceptible de rayonner : en premier lieu les antennes relais , et en deuxième , la foule ( qui n'a pas de portable actuellement ? ) et par conséquence la moindre incursion dans un magasin m'est devenue impossible : je ne fait plus mes courses et suis devenue tributaire des autres . je ne vais plus dans le métro , ni dans le bus ou le train , nulle part . Même les rues autour de chez moi sont toutes sous le feu d'antennes relais . je suis prisonnière . je ne vois plus mes amis , dans ma famille proche , seuls mon mari et mes enfants sont véritablement conscients du problème . Impossible d'aller chez les autres qui ne conçoivent pas de débrancher leur téléphone sans fil et leur box ... le fil invisible de la vie ... celui qui me tue à petit feu .

Comment maintenir une relation sociale dans ces conditions ? Quand même après avoir demandé gentiment à l'entourage d'éteindre les portables , certains ne peuvent s'y soumettre et les laissent allumés ( "elle ne dit rien alors c'est du flan" ) sans considération pour les heures passées ensuite où je subi les assauts d'une violente migraine qui me laisse KO pendant plusieurs jours .

Certains même vous rient au nez en mettant en évidence un "certain délire psycho-anti-ondes" ...

Merci beaucoup , hélas , je n'ai pas choisi d'être EHS , moi aussi j'ai été autrefois très "connect" avec mon GSM , ma WIFI , mon DECT qui me reliaient en permanence avec mes proches et mes amis . je ne sortais jamais sans mon portable , le consultais tout le temps , j'avais une vie heureuse , entourée , reliée aux autres H24 . 

Je n'ai pas choisi de souffrir . D'être obligée de rester cloîtrée . De perdre mes amis qui ne veulent pas comprendre . D'être coupée des gens de ma famille car certains parmi eux considèrent que c'est psychosomatique car cette maladie n'existe pas . J'y ai cru au psychosomatique pendant longtemps jusqu'au jour où j'ai découvert la relation entre mes symptômes et la présence de rayonnements électromagnétiques ( appareil de mesure à l'appui : ce qui en a fait même ricaner certains ! ) ; jusqu'au jour où au fin fond de la campagne , ils ont totalement disparu en quelques jours car il n'y avait plus trace de rayonnement ...

Je n'ai pas choisi d'avoir cette maladie que même le corps médical considère comme relevant de la psychiatrie alors qu'il suffit de faire une analyse sanguine et un encéphaloscan pour mesurer les dégradations engendrées par les ondes sur le cerveau et sur le corps humain . 

Je n'ai pas choisi d'être obligée de fuir pour me protéger . Pour le coup les opérateurs de téléphonie ne sont pas près de faire faillite  avec les EHS car ces derniers sont totalement impuissants et démunis de moyens pour pouvoir se faire entendre auprès du grand public .

Alors à tous ceux qui ricanent , qui nous prennent pour des dingues , qui détournent le regard , qui nous envoient dans les services de psychiatrie , qui se font du beurre sans vergogne dans la téléphonie mobile au détriment de la santé des autres ... merci , merci , merci et ... bientôt , quand la 4G sera opérationnelle sur tout le territoire français et quand le progrès aura trouvé encore mieux , toujours et encore , vous connaîtrez  ce que nous vivons . Mais nous ne serons plus là pour vous dire : " on vous avais prévenus " , car nous serons morts , nous les Electro-Hyper-Sensibles , tués à feu doux par la grande cuisine du monde ultra-connect , mitonnés avec la sauce complice de l'omerta de la grande finance .

Le matin . c'est le matin le mieux . Ils sont tous partis au travail , ou à l'école conduire leur enfants , faire des courses , le ménage , je ne sais , mais c'est le moment le moins pire de la journée . La douleur est comme apprivoisée , docile . Mais ma tête est dans la brume , tout le temps . Brume de douleurs , migraine , douleurs baladeuses dans mon corps avec en contre-point la brûlure constante dans le haut de la cage thoracique . Mon coeur s'emballe souvent , palpite , ralentit sa course , repart tel une cavale emballée par la musique inaudible des ondes . 

Vers 11 h çà se précise ; la migraine s'intensifie insidieusement , le contre-point se fait plus lourd et mes cellules grises se recroquevillent dans ma boîte crânnienne . Douleurs constantes , difficulté pour lire , écrire , et même converser de choses abstraites avec les autres .

A 18 h , ils sont rentrés chez eux et commence la grande symphonie des ondes parisiennes . La nausée me rattrape , compagne fidèle et vespérale de la migraine . Je vais tenir encore . enfin essayer de tenir , faire bonne figure devant les enfants , tricoter pour occuper mes mains et leurrer mes cellules grises devant la télé . Pour finir par échouer dans mon lit sous le blindage du tissu acheté à prix d'or . L'insomnie me tient la main : je peux pleurer . Seule .

Je suis une privilégiée : mon mari m'aime et a parfaitement compris ce qui m'arrive , mes enfants éteignent leurs GSM en ma présence , tout ce qui est source d'ondes est coupé dans mon appartement . Pas chez mes voisins . Pas dehors ; de mes fenêtres je peux voir une quizaine d'antennes relais , il y en a 7 en face de chez nous , au même niveau que notre appartement , à 100 m .

Je vais partir c'est sûr . Loin dans un trou paumé , une minuscule zone blanche où se niche une jolie maison adossée à une petite falaise qui me protègera de la plus proche antenne . La maison devrait être à nous cet été . En attendant il faut tenir ici . Dans mon bocal . Sous les feux des autres .

Je rève de vivre à une autre époque , 100 ans en arrière , pleine d'énergie et d'entrain , assumer ma charge de mère de famille normale .

Depuis hier soir , je sais que mon cerveau mal-oxygéné risque l'AVC .